• Organisation, contrôle et évaluation

Enquêteurs conjoncturistes

Nathalie et Thomas sont enquêteurs conjoncturistes. Chaque jour, ils scrutent les évolutions de prix, décryptent les tendances et recueillent les données pertinentes afin de suivre, informer mais aussi alerter sur le prix des produits alimentaires frais, spécialement des fruits et légumes. Ces prix sont suivis en temps réel, sur tout le territoire métropolitain. Au cœur de leur métier : une expertise, et surtout, un excellent sens du relationnel.

Thomas Piquereau et Nathalie Vallée

Publié le 28/03/2025
Section fruits et légumes du marché de Rungis

« Notre objectif est de comprendre les dynamiques du marché pour expliquer de manière claire et précise les évolutions de prix des fruits et légumes. »

Nathalie, enquêtrice à la Direction régionale et interdépartementale de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt (DRIAAF) Ile-de-France, arpente les allées du secteur « fruits et légumes » du marché international de Rungis. De son côté, Thomas est en poste à la DRAAF Occitanie et se rend sur les marchés de Toulouse. Leur rôle : collecter, analyser et transmettre des données de prix de produits agricoles à différents stades de commercialisation (production, expédition, grossiste et détail). Proches du terrain, ces professionnels sont enquêteurs-conjoncturistes au sein du Réseau des nouvelles des marchés (RNM), réseau d’informations économiques pour la transparence des marchés, piloté par FranceAgriMer.

Un travail de terrain et de relationnel

« Tout repose sur la confiance », affirme Nathalie. « Pour obtenir des informations fiables, il faut bâtir une relation solide avec les acteurs du marché, aller vers les personnes. ». Dans cet univers en évolution constante, où les prix fluctuent au rythme des aléas climatiques et économiques, la qualité du renseignement dépend directement de la proximité avec les professionnels. Cela suppose de s’adapter au rythme des marchés, dont certains, comme celui de Rungis, ouvrent dès les premières heures du matin. « Je commence mes journées vers 5-6h du matin et finis en début d’après-midi. C’est une question d’habitude à prendre et cela a aussi ses avantages ».

Thomas, fils d’agriculteur, a travaillé comme contrôleur avant de rejoindre le RNM. « En tant qu’enquêteur, nous sommes là pour observer et comprendre les tendances du marché. C’est très différent. ». Plusieurs fois par semaine, il se rend directement sur le terrain : « Ce qui me plait, c’est le côté humain. », explique Thomas, « je descends chez les grossistes, tout le monde me connait, j’ai créé une relation de confiance avec eux. ».

 

Collecter, analyser et diffuser les informations visant à comprendre le marché

Les données collectées par le réseau de 70 agents, répartis sur 13 centres en France, alimentent quotidiennement un site internet publiant des messages mis à disposition gratuitement pour les professionnels et organisations interprofessionnelles, la presse spécialisée, les services de l’État (ministère, Douanes, INSEE, Agreste, etc.) ainsi que la Commission Européenne, et le grand public. L’exactitude et l’objectivité des informations fournies sont primordiales car elles influencent des décisions économiques et stratégiques des acteurs agricoles. Par exemple, certaines données de prix notamment au stade de gros servent de référence pour les collectivités qui souhaitent revoir leurs contrats pour la restauration collective.

Si connaître les prix est indispensable, pouvoir les comprendre l’est d’autant plus. De multiples facteurs doivent être pris en compte pour expliquer les prix : les conditions de production, le conditionnement, le type de transport, les tendances des marchés des pays voisins, etc. Ces éléments sont tous pris en compte pour une analyse pertinente. Pour cela, Nathalie insiste sur l’importance d’une veille constante : « Il faut s’investir, lire la presse, suivre les variations climatiques susceptibles d’impacter le marché. Et surtout, aimer ce qu’on fait ! ». « Nous devons être rigoureux et transmettre la réalité du terrain » explique-t-elle.

« J’ai plusieurs casquettes », déclare Thomas, « Je suis aussi référent national pour l’ail. En tant qu’expert du sujet, je suis une personne ressource pour les collègues du RNM et pour la profession. » Les experts produits nationaux peuvent participer aux réunions nationales organisées par l’interprofession des fruits et légumes et les filières. Ils rédigent des bilans de campagne nationaux très attendus par les professionnels.

Enquêtes par téléphone ou sur le terrain, un métier varié par ses actions et rythmé par « les campagnes » – la saisonnalité des produits mais également de la demande : « On a toujours quelque chose. L’été, c’est les fruits à noyau: cerises, pêches, nectarines. Pendant les fêtes de fin d’année, c’est la truffe, le litchi, ou encore le citron caviar. En septembre, c’est la saison des cèpes. », explique Nathalie. Dynamique et enrichissant, ce métier allie travail de terrain mais aussi travail de synthèse pour la rédaction d’informations conjoncturelles. Il permet d’observer et de comprendre les rouages du marché agricole français et international, pour ensuite éclairer les décisions des professionnels.

Le ministère en 3 mots, par Nathalie et Thomas

Expertise

« On est au cœur des marchés, on analyse, on décrypte, on transmet des informations essentielles. » – Thomas

 

Proximité

« Nos échanges avec les acteurs de la filière sont la clé de notre travail. Sans relationnel, pas d’enquête fiable. » – Nathalie

 

Engagement

« C’est un travail de terrain et d’analyse, qui demande à la fois de savoir s’impliquer et s’adapter facilement. » – Nathalie

En savoir plus

La diversité des missions appelle une diversité de profils, contribuant à la richesse des compétences du réseau.

Devenir enquêteur conjoncturiste, c’est avant tout disposer de solides compétences relationnelles et aimer les mettre en œuvre. C’est aussi posséder des compétences analytiques et rédactionnelles, ainsi qu’une connaissance des filières et des marchés qui peuvent s’acquérir par la formation.

Le Réseau des nouvelles des marchés (RNM) propose un parcours d’accueil des nouveaux arrivants afin de les intégrer et leur apporter toutes les connaissances nécessaires à leurs missions et à leur environnement de travail. Celui-ci est assuré au sein du centre de rattachement mais également au niveau national de manière pratique et théorique. Les échanges inter centre et les ateliers d’échange de pratiques sont encouragés.

Les agents qui souhaitent diversifier leurs activités au sein du réseau peuvent devenir auditeur interne, experts produits ou assurer la coordination nationale de certaines enquêtes, voire évoluer vers l’encadrement d’équipe d’enquêteurs. Au sein du ministère, une évolution vers des postes de gestionnaires d’enquêtes, de contrôleurs ou de chargés d’études au sein des services statistiques ou de FranceAgriMer est envisageable.

De nombreuses formations sont proposées par FranceAgriMer et le ministère tout au long de leur carrière, sur le métier d’enquêteur (techniques rédactionnelles, enquêtes téléphoniques…) ou sur diverses filières agroalimentaires (technico économique, agronomique…).

J’ai rejoint le centre RNM de Rungis comme enquêtrice conjoncturiste en 2017. Auparavant, j’exerçais le métier de conseillère bancaire. Mes compétences relationnelles m’ont aidée dans mes premiers pas d’enquêtrice et je me suis progressivement formée au fonctionnement du marché et des filières des fruits et légumes. Après cinq ans d’expérience, j’ai pris des responsabilités au sein du réseau RNM. Avec deux autres collègues, je veille à ce que les pratiques d’enquêtes dans le secteur des fruits et légumes soient harmonisées entre les centres RNM. Dans mon métier, j’apprécie tout particulièrement le contact quotidien avec les professionnels qui m’aident à comprendre les tendances du marché.

J’ai rejoint le centre RNM de Toulouse comme enquêteur conjoncturiste en septembre 2020. J’ai travaillé auparavant en tant que contrôleur agricole à l’ASP (Agence de Service et de Paiement) pendant environ trois ans en vacation au sein de l’antenne de Balma en région toulousaine. J’ai ensuite passé le concours de technicien supérieur du ministère en charge de l’agriculture. Après l’obtention du concours, j’ai été affecté au SIVEP (Service d’Inspection Vétérinaire et Phytosanitaire) sur le port de Marseille/Fos où j’effectuais des contrôles à l’arrivée des conteneurs sur le territoire européen durant deux ans et demi. En poste depuis presque cinq ans, conformément à mes souhaits, j’ai pu développer mes connaissances et en acquérir de nouvelles. C’est pour cela que je me suis porté volontaire afin de devenir auditeur interne et également coordinateur national pour les enquêtes à l’expédition. Ces missions complémentaires à mon travail quotidien me permettent de parfaire mes compétences et de les développer au sein du réseau.

Thomas Piquereau et Nathalie Vallée